Ce que nous savons
Nos connaissances sur la pollution lumineuse s’élargissent chaque année. Les recherches sur son ampleur et ses effets confirment qu’elle a un impact et sur la biodiversité et la santé de l’être humain.
D’autre part, les découvertes et développements techniques permettent d’utiliser l’éclairage pour notre sécurité et orientation sans pour autant porter préjudice à l’environnement.
Pollution lumineuse
L’éclairage extérieur est un produit récent de notre civilisation. Les temps modernes ont encore vu l’usage de chandelles de suif. C’est au début du XIXe siècle que les grandes villes européennes ont installé leurs premières lampes à gaz. En 1879, Edison et consorts ont présenté les premières ampoules à incandescence. Le développement de l’automobile a marqué un tournant décisif dans l’entre-deux-guerres du siècle passé. Alors que l’éclairage public était jusqu’alors limité aux villes, il s’est désormais étendu aux zones rurales. De nos jours, la courbe de l’éclairage n’en finit pas de croître. D’aucuns commencent à regretter l’obscurité et sont agacés par l’excès de lumière la nuit. Un phénomène qui n’est pas uniquement lié aux zones urbaines. Les autoroutes, centres commerciaux en zone rurale, enseignes publicitaires, ainsi que les régions touristiques, forment un réseau de plus en plus lumineux. Nous connaissons ces densités de lumières grâce aux images satellites : l’Amérique du Nord, l’Europe et le Japon sont profusément éclairés; par contre, à l’exception de quelques centres urbains, l’obscurité règne en maître en Afrique, en Russie et en Amérique du Sud.
Des dômes lumineux s’élèvent loin au-dessus des villes. La lumière artificielle bute contre les nuages, les aérosols et les matières en suspension et est réfléchie. Elle forme ce fameux dôme de lumière qui se disperse sur un large périmètre.
Peu d’étoiles sont visibles depuis les villes, même par nuit claire. Certains enfants et jeunes n’ont encore jamais aperçu cette galaxie dont nous faisons partie : notre Voie lactée!
La pollution lumineuse est en constante augmentation dans le monde entier. Davantage de zones sont éclairées en continu durant la période nocturne avec d’année en année une intensité lumineuse moyenne plus élevée. Une étude réalisée en 2017 relève une augmentation de 2,2 % par an de la surface éclairée en parallèle à une progression de 2 % de l’intensité lumineuse moyenne.
On estime aujourd’hui que le cycle jour/nuit est considérablement perturbé par la pollution lumineuse dans la moitié de l’Europe et un quart de l’Amérique du Nord. Des études démontrent que la pollution lumineuse à l’échelle planétaire a doublé entre 1992 et 2013. L’urbanisation et la progression du niveau de vie en sont les deux principaux moteurs.
En Suisse, au cœur même des Alpes, il n’existe plus de région totalement épargnée par la pollution lumineuse. Une étude de 2019 calcule que la surface fortement touchée par la pollution lumineuse a triplé entre 1992 et 2013. Le Plateau suisse concentre la majeure partie des émissions lumineuses, mais les émissions lumineuses nocturnes augmentent également dans les régions de montagne.
Le développement récent de l’éclairage par LED exacerbe le problème de la pollution lumineuse. Les LED augmentent la puissance lumineuse moyenne des nouvelles installations et la couleur de la lumière devient plus froide (vers le bleu). En corollaire, la lumière de l’éclairage public pénètre davantage dans l’atmosphère, sa diffusion s’avère plus forte et la pollution augmente.
Depuis plus d’un siècle, l’éclairage extérieur est associé au progrès et au confort. Et l’activité économique peut se poursuivre même après le coucher du soleil.
L’éclairage artificiel devient une partie intégrante de la croissance que prône notre système économique. Il faut ainsi des enseignes lumineuses pour vendre sa marchandise, se mettre en lumière pour devenir une destination touristique prisée, éclairer les serres de nuit pour une agriculture productive, illuminer massivement ses installations pour amener un succès médiatique et donc économique en tant que club sportif… Les villes veulent attirer l’attention sur elles et sur leurs symboles par des éclairages spectaculaires, telle la ville de Lyon avec sa Fête des Lumières.
La croissance de la pollution lumineuse suit et alimente la courbe de celle de l’économie mondiale. L’urbanisation, et sur ses talons la pollution lumineuse, avance à grandes foulées dans le monde entier. Les besoins réels en éclairage extérieur sont rarement analysés ou questionnés : une nouvelle rue ou un nouveau chemin sont éclairés d’office sans que personne ne sache vraiment pour qui ou pour quoi.
La sensibilisation au coût environnemental de la pollution lumineuse se révèle primordiale afin de remettre en question les pratiques de planification de l’éclairage qui accompagnent la croissance économique mondiale.
La Bible n’est certes pas à l’origine de la culture humaine, mais elle se réfère au commencement à l’acte créatif divin: le premier jour, Dieu créa le ciel et la terre – le second, la séparation du jour et de la nuit.
Cela nous donne une idée de l’importance que revêtait le ciel nocturne pour l’être humain dans toutes les cultures depuis des dizaines de milliers d’années – dans une vie sans lumière artificielle. L’humain associait les corps célestes à des dieux, il inventait et nommait des constellations – et leur donnait une signification mythique qui trouve encore aujourd’hui une résonance dans l’astrologie. Les marins s’orientaient en fonction de la position des étoiles, à l’instar des voyageurs qui se déplaçaient sur la terre ferme durant la nuit. L’observation du ciel étoilé a également joué un rôle central dans l’émergence de la science moderne et la remise en question des dogmes de l’Église à partir du XVIe siècle.
Le fait qu’il soit nécessaire de se rendre dans le désert ou sur une île au milieu de la mer pour apercevoir un ciel vraiment étoilé représente une perte immense pour la population des pays industrialisés. Nous sommes séparés d’une expérience profonde avec la nature qui, pour de nombreuses personnes, est également habitée d’une dimension spirituelle. Nous perdons le ciel étoilé et un grand nombre d’entre nous ne s’en rend même pas compte. La pollution lumineuse s’est installée petit à petit et a baigné dans une soupe lumineuse permanente toute une génération qui a grandi en ne connaissant rien d’autre.
Admirez ici les magnifiques paysages nocturnes sous le ciel étoilé de La Palma, mis à notre disposition par notre membre Urs Leutenegger
Vous trouverez ici un texte original, à la fois drôle et scientifique. Il s’adresse notamment aux jeunes lectrices et lecteurs. Il a été rédigé par Liliana Schönberger, ancien membre de notre Comité directeur.
Les effets de la pollution lumineuse sur la santé humaine
Il est minuit. Tu n’es pas encore prêt à aller te coucher et te dis : «Je n’ai pas sommeil» – mais c’est juste ta soif d’expérience qui parle. La nuit, tu dois effectivement vraiment dormir, et ce dès aujourd’hui!
Nous, les êtres humains, nous pensons être plus intelligents que toutes les autres créatures du monde, mais notre corps ne peut être leurré. Des processus se déroulent 24 heures sur 24 et sont tributaires de la lumière de notre environnement. De nombreux processus biologiques se déroulent sur toute une journée à heures fixes. Ces cycles biologiques sont appelés «rythmes circadiens» et déterminent le fonctionnement du corps en termes de métabolisme et de comportement.
L’un des rythmes circadiens les plus connus est le cycle veille-sommeil, qui implique la sécrétion de mélatonine, l’hormone du sommeil, en réponse à la diminution de l’exposition à la lumière de nos photorécepteurs oculaires. Notre rétine est recouverte de deux types de photorécepteurs: les bâtonnets et les cônes. Les bâtonnets portant un photopigment – la rhodopsine – sont responsables de l’absorption des photons. La quantité de lumière absorbée par les bâtonnets est convertie en un signal neurologique qui est envoyé par la rétine à notre cerveau pour y être traité. En réponse à la lumière s’affaiblissant, la glande pinéale (noyau suprachiasmatique) du cerveau reçoit un signal de la rétine et commence à produire de la mélatonine, nécessaire pour s’endormir.
Il est scientifiquement prouvé que l’exposition à la lumière artificielle en fin de soirée, et en particulier à la lumière bleue générée par les écrans d’ordinateurs, de téléviseurs, de téléphones portables, de tablettes ou même de liseuses électroniques, perturbe la production de mélatonine, avec des troubles du sommeil à la clé. Nous avons appris à vivre avec des problèmes de sommeil, de fatigue et de brusques changements d’humeur. Nous les acceptons comme faisant partie de la vie, mais il est probable que nombre de ces problèmes résultent d’une mauvaise hygiène du sommeil.
Une bonne habitude avant d’aller se coucher consiste notamment à réduire l’exposition à la lumière bleue le soir et à se déconnecter complètement des appareils électroniques au moins 30 minutes avant d’aller se coucher. Cela signifie que tu ne dois plus consulter ton portable ni lire sur ta liseuse avec la lumière allumée.
Tu n’as pas sommeil? Et ton corps, tu lui as demandé son avis?
Tes intestins ont besoin d’une pause dans la digestion des aliments. Tes muscles ont besoin de temps pour se régénérer et se reposer. Tes tissus ont besoin de dormir pour filtrer, réparer, produire des hormones et pour de nombreux autres processus. Donc, si tu ne le fais pas pour toi, fais-le pour ton corps.
Ce n’est pas seulement la mélatonine qui est produite pendant que tu dors. Durant le sommeil, le métabolisme oxydatif des muscles est le plus intense, tout comme la sécrétion de glucagon dans le pancréas (responsable de la synthèse du glucose) et la sécrétion de leptine dans l’intestin grêle (responsable de l’équilibre satiété/faim). Le sommeil est primordial au bon fonctionnement du système immunitaire. En effet, le taux de neutrophiles (un type de cellules blanches) est le plus élevé la nuit. La mélatonine agit encore durant la nuit par son effet anti-inflammatoire. Elle réduit les dommages macromoléculaires dans les organes et protège des radicaux libres.
Voici quelques exemples de ce qui se passe dans notre corps durant nos heures de sommeil. Ce sont des processus cruciaux qui, sans un sommeil nocturne suffisant, peuvent entraîner de graves problèmes de santé.
Le manque de sommeil est mauvais pour ton âme
Des études ont établi un lien entre des maladies, telles que la dépression, l’obésité, le cancer du sein et le cancer de la prostate avec l’augmentation de la luminosité nocturne dans l’environnement immédiat. Un grand nombre de ces études ont comparé les populations rurales et urbaines. Elles ont démontré que les populations des zones urbaines fortement éclairées présentaient un risque plus élevé de développer ces maladies. Des statistiques troublantes dévoilent que le risque de dépression et de suicide est respectivement de 1,27 et 1,29 fois plus élevé lorsque l’environnement résidentiel est lumineux la nuit. L’un des symptômes presque indissociable de la dépression est l’insomnie. Le déclenchement dépressif causé par un trouble du sommeil demeure néanmoins controversé.
L’augmentation du risque de cancer dans les populations vivant sous un ciel pollué par la lumière peut se résumer à deux facteurs. Premièrement, un rythme de sommeil perturbé entraîne une baisse du taux de mélatonine dans le sang, qui, comme nous l’avons dit, inhibe les radicaux libres. En outre, la mélatonine compense le taux d’œstrogènes qui peut augmenter en son absence et intervenir comme un facteur favorisant le cancer. Deuxièmement, un sommeil perturbé affaiblit la réaction du système immunitaire, ce qui peut également influer sur le risque de cancer. De nouvelles études sont presque quotidiennement publiées et établissent un lien entre la pollution lumineuse et la santé humaine.
Les personnes attirées par les possibilités infinies d’une nuit éclairée, à l’ère de la société 24 heures sur 24, constituent un public difficile à sensibiliser à ces problèmes. J’espère toutefois avoir démontré à quel point l’obscurité peut être utile et bénéfique pour notre corps et notre esprit, nuit après nuit.
Liliana Schönberger,
Ancien Membre du Comité directeur de DarkSky Switzerland
Bibliographie
Haim, Abraham, and Boris A. Portnov. «Light Pollution as a New Risk Factor for Human Breast and Prostate Cancers. », 2013, doi:10.1007/978-94-007-6220-6.
KIM, Yun Jeong, et al. «High Incidence of Breast Cancer in Light-Polluted Areas with Spatial Effects in Korea.» Asian Pacific Journal of Cancer Prevention, vol. 17, no. 1, 2016, pp. 361–67, doi:10.7314/ APJCP.2016.17.1.361.
Krop-Benesch, Annette. «Licht Aus!? Lichtverschmutzung. Die Unterschätzte Gefahr. » Rowohlt Verlag, 2019.
Salgado-Delgado, Roberto, et al. «Disruption of Circadian Rhythms: A Crucial Factor in the Etiology of Depression.» Depression Research and Treatment, vol. 2011, 2011, doi:10.1155/2011/839743.
Wyse, C. A., et al. «Circadian Desynchrony and Metabolic Dysfunction; Did Light Pollution Make Us Fat?» Medical Hypotheses, vol. 77, no. 6, Elsevier Ltd, 2011, pp. 1139–44, doi:10.1016/j. mehy.2011.09.023.
La pollution lumineuse peut gravement perturber la vie des animaux nocturnes. Certains oiseaux migrateurs ne survivent pas à leur long voyage et les insectes disparaissent en masse.
L’obscurité représente un facteur vital pour de nombreuses espèces animales. Au cours de l’évolution, elles se sont adaptées à l’alternance jour/nuit. Chaque modification des conditions d’éclairage naturel a une incidence écologique et peut, le cas échéant, affecter la biodiversité. On est encore loin de tout connaître sur l’impact écologique de la lumière artificielle, mais les indices sur sa contribution à l’extinction de masse se multiplient.
La lumière artificielle perturbe les oiseaux migrateurs. Les milliards d’oiseaux qui migrent chaque année de nuit d’Europe vers l’Afrique, et vice versa, s’orientent notamment grâce aux étoiles. Ce comportement, génétiquement programmé, s’est développé au cours de millions d’années. Rappelons que l’ampoule électrique n’est apparue que depuis 150 ans.
Les oiseaux sont de nos jours confrontés à des éclairages qu’ils ne reconnaissent pas. Ils se détournent de leur chemin, attirés par les dômes lumineux des grandes villes et par d’autres sources de lumière artificielle, et ce surtout par conditions de faible visibilité. Des milliers d’oiseaux migrateurs percutent des immeubles éclairés la nuit ou leur tournent autour de façon irraisonnée et meurent. Plus de 450 espèces d’oiseaux sont concernées.
La station ornithologique de Sempach en Suisse s’est spécialisée dans les effets de la pollution lumineuse sur l’avifaune.
Depuis des millions d’années, les oiseaux migrateurs s’orientent grâce au soleil, à la lune et aux étoiles, ainsi que par rapport aux champs magnétiques de la Terre. La pollution lumineuse des zones urbaines peut considérablement altérer, voire leur faire perdre le sens de l’orientation.
Les insectes nocturnes (en particulier les papillons de nuit/lépidoptères hétérocères, ainsi que les névroptères, les trichoptères et les coléoptères) sont attirés loin de leur habitat naturel par la lumière artificielle. Au lieu de chercher de la nourriture, de s’accoupler ou de pondre, ils gaspillent leur énergie sur les lampes ou tombent dans une passivité diurne générée par la lumière. Ils risquent de rester prisonniers de la source lumineuse, de mourir de fatigue, de se brûler ou de devenir des proies faciles pour les araignées et les chauves-souris moins sensibles à la lumière (seulement 4 espèces sur 30 en Suisse), parmi d’autres prédateurs.
Des scientifiques allemands estiment à 150 insectes tués en moyenne par nuit/lampadaire en été. (Gerhard Eisenbeis, Düsseldorf 2001). Cela signifie qu’en Allemagne, les 6,8 millions de lampadaires tuent en moyenne plus d’un milliard d’insectes chaque nuit. Si l’on extrapole à toutes les sources lumineuses d’Allemagne, on peut estimer que plusieurs billions d’êtres vivants nocturnes périssent chaque année à cause d’une lumière aveuglante.
En Suisse, on estime qu’en moyenne 10 millions d’insectes meurent inutilement chaque nuit d’été. En un été, ce sont entre 1 et 5 milliards d’insectes qui succombent à l’éclairage extérieur.
Les nombreuses sources lumineuses participent à l’affaiblissement continu de l’entomofaune. La lumière artificielle pourrait sonner le glas pour de petites populations d’insectes menacées.
Insectes captifs d’un luminaire (photos : Prof. Dr Gerhard Eisenbeis, Université de Mayence)
L’éclairage nocturne représente un piège mortel pour les insectes du monde entier, y compris pour des espèces déjà menacées.
Alliant la lumière, l’eau et le dioxyde de carbone, les plantes produisent du glucose et de l’oxygène. À partir de substances inorganiques pauvres énergétiquement, elles produisent donc des substances organiques riches en énergie grâce à la lumière solaire.
Les plantes adaptent et régulent cette photosynthèse en fonction de la lumière. Elles ajustent leur croissance au rythme quotidien et saisonnier de la lumière ambiante, ce qui se répercute sur la floraison, la chute des feuilles et la germination.
Parmi les effets de la pollution lumineuse sur les plantes décrits dans la littérature scientifique, citons la chute (trop) tardive des feuilles en automne et une croissance perturbée des espèces cultivées.
L’agriculture est également impactée de manière indirecte par la pollution lumineuse. Les insectes pollinisateurs fécondent moins de plantes lors de pollutions lumineuses, entrainant une baisse considérable des rendements agricoles.
Chauves-souris: http://institutions.ville-geneve.ch/fr/cco/
www.fledermausschutz.ch (en allemand)
Vers luisants: https://www.gluehwuermchen.ch/fr/courant/
Amphibiens: les amphibiens se déplacent surtout la nuit pour éviter le dessèchement de leur peau et échapper à leurs prédateurs. Leur sens inné de l’orientation leur permet de retrouver facilement leur site de reproduction. Cependant, même une lumière à peine perceptible perturbe ces animaux dans leur quête de nourriture et de partenaire. À long terme, la dynamique et la résistance des populations s’altèrent.
Les plantes adaptent et régulent cette photosynthèse en fonction de la lumière. Elles ajustent leur croissance au rythme quotidien et saisonnier de la lumière ambiante, ce qui se répercute sur la floraison, la chute des feuilles et la germination.
Parmi les effets de la pollution lumineuse sur les plantes décrits dans la littérature scientifique, citons la chute (trop) tardive des feuilles en automne et une croissance perturbée des espèces cultivées.
L’agriculture est également impactée de manière indirecte par la pollution lumineuse. Les insectes pollinisateurs fécondent moins de plantes lors de pollutions lumineuses, entrainant une baisse considérable des rendements agricoles.
Si vous souhaitez en apprendre plus sur les thèmes et problèmes évoqués, voici une petite sélection d’ouvrages, de films, d’articles scientifiques et de vulgarisation, ainsi que des liens.
A l’exception de l’Atlas de la pollution lumineuse de Fabio Falchi, tous les ouvrages mentionnés ci-dessous sont des vulgarisations scientifiques et donc accessibles à des non-spécialistes.
Posch et al. Das Ende der Nacht,
Lichtsmog: Gefahren – Perspektiven – Lösungen
WILEY-VCH; 2. Auflage 2013
ISBN: 978-3-527-41179-5
Krop-Benesch, Annette. Licht Aus!? Lichtverschmutzung. Die unterschätzte Gefahr.
Rowohlt Verlag, 2019
ISBN: 978-3-499-63448-2
Goronczy, Emlyn Etienne. Lichtverschmutzung in Metropolen – Analyse, Auswirkungen und Lösungsansätze
Springer Vieweg, 2018
ISBN: 978-3-658-22974-0
Falchi Fabio. The World Atlas of Light Pollution
Allemand, Anglais 2016
ISBN 10: 1534642560 ISBN 13: 9781534642560
Liesemer Dirk. Streifzüge durch die Nacht. Wie ich unsere Heimat neu entdeckte
MALIK-Verlag, 2020
ISBN 978-3-89029-530-5
Arcand Kimberly, Watzke Megan. Licht – Mehr als wir sehen
2016
ISBN-10: 3771646529 ISBN-13: 978-3771646523
Bogard Paul. Die Nacht – Reise in eine verschwindende Welt
Karl Blessing Verlag, Munich, 2014
(Reisebericht USA)
ISBN-10 3896674676 ISBN-13 978-3896674678
Schmidt Mathias, Schmidt Tanja-Gabriele. Rettet die Nacht
Riemann Verlag, 2016
ISBN-10 357050199X
Zajong Arthur. Lichtfänger – Die gemeinsame Geschichte von Licht und Bewusstsein
Verlag Freies Geistesleben, Stuttgart 2015
ISBN-10 3772522793
Fischer Ernst Peter. Durch die Nacht – Eine Naturgeschichte der Dunkelheit
Siedler Verlag, Munich 2015
ISBN 9783886808380
Art
Documentation succinte
- Arte – Une espèce à part (part 1 – L’infime et l’infini)
- Naturellement – Qu’est ce que : la pollution lumineuse
- RTS – Entre économies et insécurité, le fait de couper l’éclairage public fait débat
- RTS – couleur d’été: La pollution lumineuse peut avoir un impact dévastateur sur la faune
- 1 jour, 1 question – C’est quoi la pollution lumineuse ?
- La nuit perdue – Association Internationale Dark-Sky
Communiqués de presse résumés
- Office fédéral de l’énergie – Watt d’Or 2018: Éclairage d’avant garde
- RTS – Aujourd’hui: Dans le noir il y a de l’espoir (VD)
Documentation approfondie
Communiqués de presse détaillés
Nater A. Evaluating Methods to Predict Commuting Flyways of Greater Mouse-Eared Bats (Myotis Myotis) Travail de Master EPFZ & WSL. 2019. [pdf en ligne]
Meier T. Challenging the Predictive Power of Flight Corridor Models for Bats. no. October, 2019, p. 39. [pdf en ligne]
Ravessoud T. Finding a Method to Predict the Commuting Activity of Bats. Travail de Maîtrise universitaire, Département d’écologie et évolution, Université de Lausanne, 2017. [pdf en ligne]
Constantin L. Spatial and Temporal Variation of Light Pollution in a Highly Structured Nature Reserve near Zürich. WSL, 2020. [pdf en ligne]
Schönberger L. A New Challenge for Spatial Planning: Light Pollution in Switzerland. Exposé. MAS en aménagement du territoire 2019/2021, EPFZ, 2020. [en ligne]
Bieri, Yumi et le Bureau du Parc du Jura argovien. Die « dunkle » Schatzkammer. Travail de Bachelor EPF Zurich, D-USYS, 2020. [en ligne]
Langenegger S. Actions to reduce light pollution in Swiss tourism destinations. Case study of the city Zurich and the village Fläsch. Travail de Bachelor, Tourism – University of Applied Sciences, HTW Coire, 2019. [pdf en ligne]
Mazenauer C. Nächtliche Dunkelheit im Val Müstair. Eine Untersuchung über die Wahrnehmung und das touristische Potenzial der nächtlichen Dunkelheit. Travail de Master. Institut de géographie de l’Université de Zürich, 2015. [pdf en ligne]
Stadler, Rebecca. Licht aus, Sternenhimmel an! Lichtverschmutzung in der Schweiz. Travail de maturité, École cantonale de Wettingen, 2021. [en ligne]
Les astronomes se sont rendu compte en premier de la pollution lumineuse, car les étoiles n’étaient plus aussi clairement visibles. Les ONG (organisations non gouvernementales) se sont alors emparées du problème qui a été relayé par divers médias. Les scientifiques ont étudié la question – et trouvé des explications qui suscitent l’attention. Depuis le début du siècle, quelques voix issues du milieu professionnel de l’éclairage se sont élevées de manière critique, des associations professionnelles ont formulé des normes et des recommandations, et l’industrie a commencé à repenser l’éclairage. Tant les parlements, gouvernements, systèmes juridiques que les administrations sont confrontés à cette thématique. La pression publique les contraint à prendre position et à agir.
Plus sur les Limitation des émissions lumineuses en Suisse.
Dans les années 1970, il fallait nettoyer des centaines d’insectes incrustés sur son pare-brise lorsqu’on voyageait en voiture. Mais aujourd’hui? Au cours des 50 dernières années, la pollution lumineuse est devenue un sujet de recherche scientifique sérieux, dont l’importance et l’intensité ne cessent de croître. Depuis la toute première mention de la pollution lumineuse en 1972 dans un article scientifique, plusieurs centaines de travaux de recherche ont été publiés, comme l’illustre le graphique ci-dessous. Les astronomes professionnels se sont les premiers inquiétés de l’augmentation de la pollution lumineuse, constatant que la qualité de leurs observations était menacée par la luminosité croissante du ciel. Au cours des 15 dernières années, les effets de la pollution lumineuse sur les organismes animaux et végétaux sont également devenus une thématique prioritaire de la recherche.
Figure 1: Nombre de travaux scientifiques publiés/an sur la pollution lumineuse (données Google Scholar).
À relever deux travaux récents, représentatifs de l’état de la recherche scientifique:
- Owens et al. Light pollution is a driver of insect declines. 2020, Biological Conservation, Volume 241.
- Sanders et al. A meta-analysis of biological impacts of artificial light at night. 2020, Nature, écologie et évolution 5, 74-81.
Vous trouverez ici un répertoire actualisé de travaux scientifiques publiés sur la pollution lumineuse, géré par DarkSky International.
Vous trouverez ici une liste d’autres textes spécialisés.
Le savoir scientifique fonde toutes nos activités, mais il ne suffit pas en soi. Seule une diffusion élargie permet de déboucher sur des actions efficaces.
DarkSky International a été créée en 1988 sous l’impulsion des astronomes ci-dessus mentionnés, alarmés par la situation. Elle est active dans le monde entier avec son slogan «DarkSky International works to protect the night skies for present and future generations».
DarkSky International chapeaute de nombreuses ONG nationales ou suprarégionales engagées dans la lutte contre la pollution lumineuse. DarkSky Switzerland est membre de DarkSky International.
En Suisse, des ONG telles Pro Natura ou Birdlife, fortes de centaines de milliers de membres, ont emboité le pas à DarkSky Switzerland et se sont activement penchées sur les effets problématiques de la pollution lumineuse. Elles jouent un rôle important dans la politique environnementale suisse et font entendre leur voix sur le sujet.
Affiche de Pro Natura sur le déclin des insectes
Les organisations environnementales fixent leurs propres priorités, mais le recoupement de ces dernières donne naissance à des réseaux et favorise la coopération. DarkSky Switzerland travaille avec des associations et des fondations, grandes et petites. Des échanges réguliers ont lieu dans le cadre du «Groupe de travail juridique», auquel participent les organisations environnementales disposant du droit de recours à des fins d’information mutuelle, de collaboration et de formation continue.
Vous trouverez ici une liste des organisations environnementales auxquelles nous sommes liés.
Qu’ils soient certifiés DarkSky ou non, les milieux professionnels n’utilisent plus que des luminaires à couverture totale (et asymétrique) (terme technique: full-cut-off). Ceux-ci n’émettent pas de lumière sur l’horizontale, mais uniquement dans le demi-espace inférieur sur les surfaces utiles. En fin de compte, cette approche se conforme aux normes d’éclairage CIE 150:2017 et SN 586:491 (SIA 491), ou à l’aide à l’exécution pour la prévention des émissions lumineuses de l’OFEV.
Vous trouverez une liste des prestataires d’éclairage qui se sont engagé·e·s auprès de DarkSky Switzerland à respecter la norme SIA 491 sur la page des Prestataires et planificateurs d’éclairage.
Quelles sont les possibilités, ainsi que les devoirs des instances politiques et des autorités pour freiner la progression de la pollution lumineuse ?
La politique définit le cadre législatif, l’administration exécute la loi. En matière de lumière et de pollution lumineuse, il s’agit de rayonnements qui sont traités par la loi sur la protection de l’environnement (LPE) de 1985.
Plus sur Bases légales
Les élues et élus aux niveaux fédéral, cantonal et communal peuvent engager des mesures supplémentaires au-delà de la législation – sous la forme d’interventions parlementaires de divers types. Par ex.:
Motion de la conseillère aux États neuchâteloise Céline Vara (Vert·e·s), en faveur de valeurs limites sur l’éclairage fixées par la loi.
Interpellation du conseiller national Jürg Grossen (PVL), dans laquelle il interroge les directives d’application prévues et demande à propos des LED des températures de couleur chaudes et agréables pour tous les êtres vivants.
Postulat de députés zougois demandant le renouvellement du concept d’éclairage cantonal vieux de douze ans.
Postulat de conseillers municipaux de la ville de Baden qui demande au conseil municipal d’étudier l’extinction nocturne de l’éclairage des bâtiments publics, des vitrines, des enseignes publicitaires, etc.
Les citoyennes et citoyens suisses peuvent prendre des initiatives quasiment «depuis le bas», lorsque les dispositions légales leur semblent insuffisantes. Si ces initiatives sont déclarées valables, elles doivent être soumises à un vote au niveau fédéral, cantonal ou communal. Toutes les personnes intéressées – même celles qui n’ont pas le droit de vote et d’éligibilité – peuvent partager/signer leurs revendications sous forme de pétitions.
Aux côtés des Amis de la nature Suisse, de l’Union suisse des paysans et d’ApiSuisse, DarkSky Switzerland a lancé en 2018 une pétition en faveur des insectes et a recueilli 165’512 signatures en 100 jours. Elle a été remise en décembre 2018 sous couverture médiatique au Conseil fédéral et au Parlement.
Il incombe aux administrations de mettre en œuvre et d’exécuter la loi sur l’environnement, respectivement d’autres réglementations et décisions de mesures. Il s’agit au niveau fédéral de l’Office fédéral de l’environnement (OFEV), des services de protection de l’environnement au niveau cantonal et pour les communes, d’un ou plusieurs offices selon leur taille, voire du conseil communal lui-même.
Office fédéral de l’environnement (OFEV)
Après lecture de la loi sur la protection de l’environnement, rédigée en termes généraux, vous n’en saurez guère plus sur l’éclairage conseillé/obligatoire du nouveau terrain de sport de votre commune. L’une des principales tâches de l’OFEV est donc d’élaborer et d’actualiser de temps à autre les «aides à l’exécution». Il s’agit avant tout de prendre en compte le développement rapide des innovations techniques dans l’industrie de l’éclairage.
L’aide à l’exécution sur les «Émissions lumineuses», relative à la loi sur la protection de l’environnement, fournit aux autorités cantonales et communales des instructions aussi concrètes que possible pour la mise en œuvre.
Vous trouverez ici le lien vers l’aide à l’exécution d’octobre 2021.
Ce document résume tous les aspects importants. Le premier tiers est essentiel pour la mise en œuvre. Le reste du contenu est de nature plutôt informative.
Les installations d’éclairage fixes et mobiles doivent respecter le principe de la limitation préventive des émissions, ancré dans la loi sur la protection de l’environnement. (Commentaire de Roland Bodenmann, membre du Comité directeur et planificateur d’éclairage)
Il est recommandé de tirer parti de cette aide à l’exécution
- lors de la construction de nouvelles installations d’éclairage;
- lors de la rénovation ou de l’adaptation partielle ou totale d’installations d’éclairage existantes;
- dans les procédures de recours;
- dans tous les cas où les autorités interviennent d’office.
Selon la LPE et la LPN, il convient d’utiliser autant que possible des LED blanc chaud – selon l’état des connaissances, celles dont la température de couleur est inférieure à 2700 K (Recommandations pour la prévention des émissions lumineuses, paragraphe 3.3.3, p. 21).
L’OFEV coordonne également le droit de recours des associations, octroyé par le Conseil fédéral. En raison de son travail dans toute la Suisse depuis plus de vingt ans, l’association DarkSky Switzerland dispose depuis juin 2019 de cet instrument. Celui-ci élargit de manière décisive son champ d’action en matière de politique environnementale.
En tant qu’organisation disposant du droit de recours des associations, nous pouvons faire opposition et utiliser la voie juridique lorsque nous estimons que des particuliers ou des autorités enfreignent la loi sur l’environnement ou la loi sur la protection du patrimoine.
L’OFEV lance également des projets, tel celui – remarquable – sur la biodiversité. En ce qui concerne la pollution lumineuse, le concept ci-dessous s’avère particulièrement intéressant.
Infrastructure écologique pour les animaux lucifuges
L’«infrastructure écologique» est un réseau planifié pour la Suisse, composé d’aires centrales et de mises en réseau de haute valeur écologique. L’objectif est d’assurer la conservation de la biodiversité et des services écosystémiques. La création et le maintien de l’infrastructure écologique ont été décidés par le Conseil fédéral en 2012 lors de l’adoption de la Stratégie Biodiversité Suisse. Le projet devrait être finalisé d’ici 2040. Le terme fait référence à l’expression «infrastructure verte» utilisée dans l’UE.
Environ 30 % de tous les vertébrés et près de 60 % de tous les invertébrés sont des espèces nocturnes. Une majorité d’entre elles sont tributaires de réseaux tels que ceux prévus par l’infrastructure écologique, c’est-à-dire suffisamment d’espaces sans lumière vive gênante qui entraverait leurs activités nocturnes normales.
Les chauves-souris, par exemple, suivent des itinéraires de vol fixes entre leur dortoir – un grenier ou un clocher – et leurs sources de nourriture. Si ces routes sont éclairées, les chiroptères doivent trouver un nouvel abri pour dormir, ce qui se révèle souvent difficile.
Les insectes, en particulier de nombreuses espèces de papillons nocturnes, meurent dans les zones éclairées la nuit où ils viennent récolter du nectar et se reproduire.
Le comportement naturel des oiseaux nocturnes – tels les hiboux ou chouettes chevêches – en est également altéré, leur territoire de chasse se restreignant toujours davantage.
Les organismes nocturnes ne sont cependant pas les seuls à pâtir de la pollution lumineuse. Les preuves de son impact négatif sur l’écologie des organismes diurnes, tels que les passereaux nicheurs et des espèces de poissons, s’accumulent.
Pour tous ces animaux, il faut un type d’espace bien spécifique qui leur offre une qualité particulière, les «corridors d’obscurité/trame noire». Ce sont des zones ou des liaisons paysagères sans interférences lumineuses, qui relient l’obscurité à l’obscurité. Elles devraient déjà être identifiées au niveau de l’aménagement du territoire, par ex. dans les plans directeurs. Les espaces proches de l’état naturel et les structures linéaires bordant des zones boisées, des vallées, des ruisseaux et des rivières sont à privilégier.
Une prochaine étape serait de prendre également en compte les espaces d’obscurité dans la loi sur l’aménagement du territoire.
Plus sur l’Infrastructure écologique – OFEV.
Nous remercions BirdLife pour le bel article «Das Lebensnetz der Dunkelheit» (le réseau vital de l’obscurité) dans Ornis 4/21, auquel nous nous référons ici. Il constitue un bon exemple de la manière dont une ONG peut, par ses analyses et ses revendications, suggérer au lourd appareil administratif une mise en œuvre des stratégies imposées d’en haut.
Vous trouverez ici le mémoire de master de Liliana Schönberger. Elle présente une analyse spatiale de la pollution lumineuse dans le canton d’Argovie et des interventions possibles, dans lesquelles des zones d’obscurité – en tant que partie de l’infrastructure écologique – sont combinées avec des instruments d’aménagement du territoire.
La Confédération donne la marche à suivre, les cantons doivent la mettre en œuvre de par leur proximité avec la population. Ils peuvent initier, suivre et contrôler des projets concrets. Ils délivrent les autorisations pour les projets liés à une étude d’impact sur l’environnement (EIE) et posent des conditions, par ex. le recours à une utilisation raisonnée de l’éclairage.
Les cantons sont également responsables des constructions et infrastructures cantonales, notamment des routes cantonales.
Vous trouverez ici une liste de sites web et de liens sur le thème des émissions lumineuses, classés par canton.
Ici également l’exposé de notre membre du Comité directeur, Dr Liliana Schönberger, d’où proviennent ces informations : A New Challenge for Spatial Planning: Light Pollution in Switzerland (pdf).
Vous trouverez ici le répertoire «Réseau cantonal de développement durable».
Les collectivités locales (villes et petites communes) exercent une grande influence et disposent d’une large marge de manœuvre en matière de gestion de la lumière. De plus en plus de communes élaborent leur propre règlement sur l’éclairage.
Dans la région de Genève, un grand nombre de communes a participé en 2019 et 2020 à «La nuit est belle» en éteignant l’éclairage public durant une nuit. Cette action a incité plusieurs communes à réfléchir à leurs besoins et à leurs pratiques en matière d’éclairage – et finalement à réduire leurs éclairages nocturnes.
Parmi les centres urbains ayant pris les devants pour lutter contre la pollution lumineuse, Yverdon-les-Bains fait figure d’exemple. La ville a rénové ses infrastructures depuis le début des années 2010 afin d’y intégrer un éclairage dynamique. Dans ce cadre, la population a été consultée à plusieurs reprises afin de mesurer le degré d’acceptation aux nouvelles installations et stratégies d’éclairage.
La démarche d’Yverdon-les-Bains prouve qu’il est possible de mettre en place une politique ambitieuse de réduction de la pollution lumineuse en milieu urbain, tout en améliorant la qualité du service rendu aux usagers.
Informations pour autorités communales
Souhaitez-vous agir en tant que citoyen ou citoyenne sensible à la pollution lumineuse?
- Rédigez une lettre de lecteur.
- Adressez-vous à votre commune/canton et attirez l’attention sur le problème.
- Adressez-vous à des membres de votre parti ou à des élues et élus de votre commune, de votre canton ou de la Confédération.
- Si vous avez du temps et de la persévérance, vous pouvez également prendre vous-même une initiative environnementale dans votre commune, de préférence en tant que groupe d’intérêt.
L’équipe de DarkSky Switzerland s’occupe des questions d’éclairage en Suisse au quotidien. Mais un regard sur l’Europe depuis un satellite révèle que la Suisse est entourée de pays parfois plus éclairés encore. Des régions comme la Lombardie en Italie ou les pays densément peuplés du Benelux s’étendent telle une mer de lumières sur les images nocturnes des satellites.
Les nations avoisinantes mènent également de nombreuses recherches et leurs conclusions sont d’importance pour nous. La France a adopté une législation stricte en matière d’éclairage écologique – nous pouvons nous y référer. L’industrie de l’éclairage d’autres pays mise sur des températures de couleur plus chaudes afin de ménager l’environnement – ce qui motive un changement de mentalités également dans le secteur suisse de l’éclairage.
Les informations suivantes sur la législation des pays voisins sont tirées du document «A New Challenge for Spatial Planning: Light Pollution in Switzerland» de Liliana Schönenberger, membre de notre Comité. Vous y trouverez des explications complémentaires et des références bibliographiques. (Lien)
Législation
La France dispose d’une des législations les plus avancées au monde. Le décret du 27 décembre 2018 relatif à la prévention, à la réduction et à la limitation de la pollution lumineuse fixe des normes très sévères en matière de dispositions contraignantes.
Parmi les dispositions du décret figurent:
- les plages horaires d’éclairage (couvre-feu);
- les conditions d’éclairage vers le haut;
- la température de la lumière;
- la densité du flux lumineux (lm/m2);
- le flux lumineux émis vers le bas (éblouissement et lumière parasite).
Le champ d’application du règlement comprend:
- les voies publiques et privées;
- l’éclairage des monuments historiques (églises, monuments);
- les parcs et autres espaces publics en plein air;
- les installations sportives en plein air;
- l’éclairage intérieur industriel;
- les parcs de stationnement couverts;
- l’éclairage temporaire d’événements spéciaux et de travaux de construction.
Des exigences spécifiques s’appliquent aux parcs nationaux et régionaux, réserves naturelles et observatoires astronomiques. Le respect de toutes les prescriptions est obligatoire jusqu’au début 2025, la mise en œuvre progressive a commencé le 1er janvier 2019.
Activités
L’Association Nationale pour la Protection du Ciel et de l’Environnement Nocturne (ANPCEN) est active à différents niveaux en France, mais elle n’est pas membre de l’International DarkSky Organization (IDA). Elle lutte efficacement contre la pollution lumineuse par le biais d’expertises et de conventions conclues avec les municipalités. Les signataires s’engagent à réduire la diffusion excessive de la lumière artificielle.
L’ANPCEN décerne chaque année le label national «Villes et villages étoilés» aux villes et villages participants. La réduction de l’éclairage permet d’augmenter la visibilité des étoiles et de réaliser en même temps des économies financières régulières disponibles pour d’autres projets.
Vers l’ANPCEN (https://www.anpcen.fr/)
Législation
La tentative d’instaurer une loi nationale dans les années 1990 s’est heurtée très tôt à une forte résistance du lobby de l’éclairage. En effet, l’Italie est le pays d’origine des grands fabricants européens de luminaires!
En 1997 cependant, les adeptes d’une réglementation de la Lombardie se sont rassemblés pour formuler une loi régionale, c’est-à-dire pour l’une des zones les plus polluées d’Europe. Le 30 mars 2000, la loi régionale no17 était adoptée. Depuis lors, l’association «Cielobuio Coordinamento per la Protezione del Cielo Notturno» promeut et soutient l’application de cette loi dans d’autres régions du pays. Par la suite, plusieurs lois régionales ont été instaurées dans toute l’Italie, inspirées de la loi n° 17 de la région lombarde.
Ces réglementations régionales diffèrent par l’ampleur des mesures qu’elles prévoient.
Les plus fréquentes sont:
- le zonage;
- les exigences techniques pour l’éclairage public;
- la réduction de l’intensité de l’éclairage (sans fixation de niveaux d’éclairement maximaux);
- les extinctions exceptionnelles (à des fins de recherche astronomique);
- l’éducation et la sensibilisation du public.
Activités
La Fondation SAS pour la protection du ciel astronomique est une ONG. Elle dénonce les fortes perturbations des observations astronomiques au sol, causées par le déploiement continu de grandes flottes de satellites destinées à assurer le fonctionnement des futures technologies de télécommunication. Un appel lancé par cette fondation a recueilli plus de 2000 soutiens en 2020, DarkSky Switzerland y comprise. En 2021, une action en justice intitulée «Healthy Heavens Trust Initiative» a été lancée pour poursuivre la Commission fédérale américaine des communications (FCC) devant les tribunaux fédéraux américains.
Informations en lien sur cette initiative https://tinyurl.com/SASFundation
Les deux organisations italiennes contre la pollution lumineuse:
www.lightpollution.it (IDA Italie)
Le groupe spécialisé DarkSky de l’association des amis des étoiles (Vereinigung der Sternfreunde e.V.) bénéficie d’un promoteur énergique en la personne d’Andreas Hänel. Celui-ci accompagne par ses mesures (presque partout dans le monde) les régions d’obscurité en passe de devenir des parcs aux étoiles officiels.
L’«Initiative gegen Lichtverschmutzug» est une organisation allemande engagée contre la pollution lumineuse et partenaire de l’International DarkSky Organization (IDA). Sur son site, elle fournit des informations détaillées sur les parcs aux étoiles, les DarkSky Parks, les DarkSky Reserves, reconnus par l’IDA – surtout en Europe.
Vers l’Initiative gegen Lichtverschmutzug
paten-der-nacht.de est un projet de personnes investies et bénévoles d’Allemagne et d’Autriche, qui s’efforcent de limiter la pollution lumineuse avec engagement et humour, comme le démontre leur devise: «Licht aus – Nacht an!»… Y adhérer, c’est en quelque sorte parrainer la nuit.
L’Initiative Earth Night met l’accent sur la qualité de l’observation astronomique et souhaite que les lumières soient éteintes une nuit en septembre à la nouvelle lune. En 2021, DarkSky Switzerland en est devenue partenaire.
Législation
Comme en Allemagne et en Suisse, la pollution lumineuse peut être contrée sur la base de différentes lois, sans qu’elle ne soit explicitement traitée dans l’une d’elles. Depuis 2018, la plupart des Länder s’appuient sur un guide de l’éclairage extérieur. Ce document n’est pas contraignant, mais recommande des valeurs techniques pour la température de la lumière, des plages horaires limitées (heures nocturnes sans éclairage) et l’orientation de la source lumineuse (jamais au-dessus de l’horizon). Quant à l’intensité, le guide recommande de suivre le principe ALARA: As Low As Reasonably Achievable (aussi faible que raisonnablement possible).
Activités
Parc aux étoiles Attersee
Des offices d’avocats autrichiens, spécialisés dans le droit de l’environnement, s’engagent de manière créative et alimentent un site instructif contre la pollution lumineuse: www.hellenot.org.
La Haute-Autriche dispose d’un réseau de mesures de la pollution lumineuse. C’est le premier Land à disposer d’un tel outil. Chaque nuit, il enregistre l’évolution de la luminosité de 23 stations et le degré de pollution lumineuse, responsables en partie de la perturbation des biorythmes humains et de la disparition des insectes.
Législation
Avec l’introduction des LED, le Liechtenstein a intégré dès 2008 une réglementation traitant de la pollution lumineuse dans la nouvelle loi sur la protection de l’environnement.
Activités
En 2005, la Haute école spécialisée du nord-ouest de la Suisse a effectué une étude sur les potentialités.
Législation
L’UE a publié une mise à jour des «Guidelines Lighting» (GPP), un instrument non contraignant fournissant des directives et des critères techniques pour les installations d’éclairage. Il s’adresse aux décideurs et milieux professionnels impliqués dans l’achat et la mise en service d’une actualisation ou d’un renouvellement de l’éclairage public. L’impact environnemental de la consommation d’énergie et des émissions de gaz à effet de serre représente une préoccupation majeure, la pollution lumineuse n’y joue néanmoins qu’un rôle secondaire.
Le GPP met en avant une règle générale pour déterminer l’intensité lumineuse: As Low As Reasonably Achievable (ALARA). Bien qu’ALARA soit un principe recommandé, le GPP est rédigé selon la norme EN 13201-1 (norme européenne pour les normes d’éclairage routier), qui ne définit que les valeurs minimales de l’intensité lumineuse (avec pour principe de garantir la sécurité routière).
Cependant, le GPP mentionne l’impact écologique et la visibilité des étoiles comme un critère important dans la réduction de la pollution lumineuse.
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Parallèlement, le projet «Night Light Interreg Europe», soutenu par l’UE et auquel participent les Pays-Bas, la Hongrie, l’Espagne, le Luxembourg, le Danemark, la Slovénie et l’Italie, s’est déroulé de 2017 à 2021. L’objectif est d’améliorer les politiques régionales de réduction de la pollution lumineuse et de désigner des aires protégeant l’obscurité du ciel nocturne. Une grande partie des ressources du projet a été consacrée à des activités éducatives et à une sensibilisation élargie du public.
La Frise, une province néerlandaise, a conduit le projet lancé en 2017 avec d’autres régions parties prenantes. Il s’est achevé en 2021, mais perdurera à la faveur d’actions menées au niveau local.
Pays-Bas: la Frise a fait revivre d’anciennes traditions.
La mer des Wadden offre d’extraordinaires observations d’étoiles dans une obscurité profonde. Les Pays-Bas font partie des États les plus éclairés artificiellement d’Europe, mais les îles situées au large n’en sont guère affectées. La nuit se vit de diverses manières, notamment dans un jardin vieux de plusieurs siècles. Le public plongé dans la pénombre le découvre grâce aux parfums diffusés par les fleurs et arbustes à floraison nocturne.
L’île danoise de Samsø est gérée de manière durable et fait figure de pionnière dans le pays. Elle est autonome sur le plan énergétique. Sa situation insulaire l’a incitée à exploiter la nuit pour l’astrotourisme et à devenir une aire de ciel sombre. Tous les luminaires ont été équipés de LED et s’éteignent de minuit à six heures du matin.
Dans le Parc naturel de l’Our au Luxembourg, un projet pilote incite les communes à revoir l’éclairage et les illuminations obsolètes. Le Parc naturel a engagé son propre spécialiste en éclairage pour accompagner et surveiller les progrès. Par exemple, le nouvel éclairage de Clervaux a été fêté fin août 2021. La devise «Moins, c’est plus!» accompagne avec bonheur le «bon éclairage». Le Parc naturel implique la population et les autorités par le biais d’événements.
En Hongrie, la sensibilisation à l’obscurité doit encore se renforcer, car la protection du ciel nocturne bute en province sur des réticences et des besoins de sécurité considérables. Le tourisme durable dans le district de Hajdú-Bihar devrait générer un essor économique. Dans ce contexte, son voisin le Parc de Hortobágy Dark Sky s’étend depuis 2011 sur une superficie de 100 km2 et fait office de moteur. Il est inscrit au patrimoine mondial de l’UNESCO. Un système efficace protège notamment les espèces ailées de trop de lumière. Les réglementations des communes sont en cours de révision.
La Slovénie est l’un des pays bénéficiant en Europe des plus grandes étendues sombres. Le développement régional souhaite donc établir une aire DarkSky. Le processus est en cours, mais l’augmentation des demandes ainsi que la rigueur de l’IDA et de l’UNESCO en la matière ralentissent cette démarche. Des modifications ont d’ores et déjà été apportées à l’éclairage pour réduire son impact et les heures d’extinction ont été adaptées.
Potenza et Matera dans la Basilicate italienne veulent également promouvoir l’astrotourisme et sensibiliser davantage aux aspects problématiques de la lumière artificielle. Un plan d’action a été élaboré avec une réglementation adéquate. Les parcs naturels locaux sont impliqués, les aspects sociaux, culturels et artistiques intégrés. Par ex. à l’occasion d’une manifestation, toute personne y participant avait pu construire sa lampe solaire et l’emporter chez elle.
En Espagne, la recherche astronomique suscite un grand intérêt. Tant la protection de l’obscurité qu’une lumière artificielle acceptable constituent des thématiques communes. Le gouvernement a donc entrepris la modernisation de l’éclairage d’Avila et de l’île canarienne de La Palma. La «Starlight Foundation», avec siège à La Palma, confère une dimension internationale à cette cause.
Vers le projet «Night Light Interreg Europe».